Les menaces trumpiennes
Avant même d’anlayser les bravades de Donald Trump, demandons-nous comment quelqu’un ayant été traduit en justice, condamné sous certains des chefs d’accusation pesant contre lui, peut aboutir à la tête du pays le plus influent au monde. Qu’est-ce que l’élection d’un délinquant (n’est-ce pas le mot qui dans le dictionnaire désigne une personne ayant commis un délit?) nous dit d’une société? Que Trump, avec ses visions expansionnistes (pour ne pas dire “colonialistes”), soit hargneux, menteur et égolâtre (ajoutons à cette liste d’épithètes “mysogine”, “présumé violeur”, “xénophobe”, “aporophobe” et “raciste”) ne surprend personne: ceci est conforme à son comportement passé.
Sa popularité (il a quand même rallié la moitié d’un électorat!) en dit long sur la décadence ou le déclin de son pays. Chez ses partisans, honneteté, décorum, retenue et bienséance ne sont plus des pré-requis à l’ascension politique. Pourtant, l’époque où une accusation d’adultère suffisait pour écarter un candidat d’une campagne électorale n’est pas si loin. Que s’est-il passé depuis pour expliquer un tel virage? Car le phénomene Trump —ses coups d‘éclat qui violent toutes les règles de la diplomatie— constituent un précédent en politique internationale contemporaine.
On peut comprendre le narcissisme éhonté du futur président américain; une telle structure de personnalité caractérisée par la flamboyante, l’agressivité et le besoin d’attention est bien connu en psychologie. On peut comprendre qu’il est utile, politiquement parlant, de jouer sur des cordes sensibles comme l’insécurité, l’immigraton, l’impéralisme, le retour à une grandeur perdue face à une Chine en plein essor. Ce qui est difficile à comprendre, c’est l’engouement d’un électorat en grande part composé de fondamentalistes religieux pour qui “forniquer”, porter un faux témoignage (surtout après avoir juré sur la bible de dire la vérité), se divorcer, acheter le silence d’une maîtresse, solliciter les services d’une prostituée, frauder le FISC, s’adonner à la “débauche”, tromper son épouse ou faire preuve de “luxure” sont des vices impardonnable. Les déboires sexuels de leur héro sont un secret de Polichinelle; il ne cache à personne sa grandiloquence maladive, ses sorties belliqueuses et son style de vie peu conforme aux enseignements de l’évangile. Que les sociologues nous expliquent quels attributs sont plus méritoires aux yeux de tels électeurs que la décence d’un bon chrétien.
Trump déclare publiquement qu’il ambitionne d’annexer un pays libre et souverain. Il évoque une intervention militaire pour s’emparer du Groenland (ce qui équivaudrait à déclarer la guerre au Danemark, pays membre de l’OTAN). Il souhaite renommer officiellement le Golfe du Mexique “Golf of America” ou “Golf of the United States”. Cela relève de la pure mégalomanie. Le gouvernement mexicain s’est empressé de répondre: “Le nom du Golfe du Mexique, en plus d'être un fait historique, a été enregistré auprès d’organisations internationales qui le considèrent une référence nautique depuis le XVIe siècle, avant l'existence des États-Unis [...]”, a déclaré José Alfonso Suárez del Real au nom de son pays. Trudeau s’est empressé de faire de même concernant l’invraisemblable annexion du Canada.
Toutefois, si de telles menaces peuvent sembler des écartades (pour le moins farfelues, sinon de mauvaises blagues), elles sont un symptôme inquiétant d’un profond malaise social, d’une société en mal de valeurs qui, se croyant supérieure à toutes, envisage mal la mouvance historique. Qu’au nom de la libre expression des opinions —que les réseaux sociaux nous offrent sur un plateau d’argent— on puisse dire n’importe quoi constitue peut-être une ébauche de réponse à la question de cette dérive diplomatique et démocratique. Mais qu’un système politique permette l’élection d’une personne ayant commis des délits est un signe d’alarme à prendre au sérieux. L’air du temps est-il donc si empoisonné?
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