sábado, 6 de febrero de 2016

Petit portrait de la narco-violence au Mexique en 2012



PETIT PORTRAIT DE LA NARCO-VIOLENCE AU MEXIQUE EN 2012

Le mythe de la boîte de Pandore est plus actuel que jamais. Dans un pays habité au nord par el désert et au sud par la jungle et les plantations de café, quelqu’un a soulevé le couvercle. Soudainement. Si soudainement que des régions paisibles il y a 4 ans sont devenues en 2011 un no man’s land parsemé de villages fantômes.
            Le Mexique a la chance et la malchance de partager une frontière longue de 300 kilomètres avec le pays le plus puissant au monde, qui est aussi le plus gros consommateur de drogues fortes sur la planète. Un marché faramineux où coulent l’or et la myrrhe, et auquel s’ajoute celui de la contrebande d’armes. On estime que des milliers d’armes traversent la frontière américano-mexicaine tous les jours.
            La violence que ce trafic a engendrée (beaucoup estiment que les 40,000 morts officiels que recense presque pudiquement le gouvernement mexicain en 2011 ne sont que la pointe de l’iceberg) suit la route qui part de la Colombie et qui aboutit aux points de distribution des États-Unis, et du monde entier. C’est pourquoi, parlant violence, il faut immédiatement se demander où au Mexique : Ciudad Juarez, qui est collée à la frontière avec le Texas, ce n’est pas Mérida, au sud-est du pays, où il y a rarement des exécutions. L’état de Michoacán, où un cartel home-made, La Familia, terrorise la population depuis quelques années, ce n’est pas la même chose que Campeche, qui vit encore sous le baume tropical de ses plages presque vierges et ne se trouve nullement sur le chemin de la contrebande.
Une route de la soie moderne dont les caravanes ne sont pas conduites par des Bédouins, mais par des commandos armés jusqu’aux dents, traverse le Mexique. L’arme de prédilection de ces criminels, la mitraillette AK-47, s’appelle au pays de la tequila, poétiquement, un cuerno de chivo (corne de chèvre). Ce qui est indéniable, c’est que cette violence inouïe a tendance à émigrer vers le sud, et que de plus en plus d’états parmi les 32 entités fédérales qui composent la république mexicaine, voient leurs morgues devenir surpeuplées.  
            Les pays riches se scandalisent des nouvelles faisant état de cadavres décapités, de tueries d’un sanguinaire dépassant la science fiction, mais ils représentent la majorité des consommateurs de substances où pour trois dollars, par exemple, grâce à une pilule de crystal meth, on peut acheter l’illusion d’une vie sans limites que l’on conduit comme un bolide, au faîte du plaisir. Pourtant, ce sont elles, sociétés blanches et ordonnées où règnent l’état de droit, qui sont indirectement responsables d’un tel carnage et qui alimentent cette violence, par leur consommation d’agrément qui finit souvent en pharmacodépendance. Mais dans les champs de neiges du Québec ou de la Scandinavie, dans les discothèques de Barcelone ou les ghettos de New York, on est bien loin des fosses communes que l’on découvre régulièrement au Mexique. On peut tranquillement fermer les yeux et tourner la tête. Les banques, le marché immobilier et hôtelier, les concessionnaires automobiles des pays trafiquants, peuvent, eux aussi, faire semblant que le blanchissage d’argent n’existe pas, tous comme les producteurs d’armement, majoritairement originaires de pays riches, voient assurée une demande croissante de leur marchandise.  
Qui donc est le plus coupable, celui qui prend la route du crime parce que son pays vit dans la stagnation économique depuis 2 générations, ou celui qui —loin des yeux, loin du coeur— blanchit de l’argent, consomme ou vend des armes?

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